La bio, arnaque, ou agriculture d’avenir ? Et pis d’abord, la bio keskessée ?

J’entends régulièrement beaucoup de critiques et d’avis négatif sur le bio que ce soit sur le net ou ‘’dans le monde matériel’’. Moi même, avant de me former en vue de faire du maraîchage bio, je véhiculais aussi certains de ces points négatifs. Critiques et points négatifs qui au final se sont tous révélé être fallacieux, faux, mensonger, issus et se propageant le plus souvent grâce à l’ignorance de tous de ce qu’es la bio et aux idées reçues concernant ce sujet souvent réduit à un simple label commercial, alors qu’il s’agit en réalité de quelque chose de bien plus riche, bien plus éthique et révolutionnaire.

Au départ, j’ai tenu à débunker les arguments fallacieux les plus courants contre la bio. Arguments malhonnêtes, mais se propageant vite, souvent véhiculés par des lobbyistes, et trouvant facilement preneur puisque énoncés dans la plupart des cas de manière sensationnelle. Mais se pose en premier lieu la question de savoir de quoi il s’agit, puisque la majorité des gens ne savent pas, en réalité, de quoi l’on parle lorsqu’il est question de bio.

Les origines de la bio

À partir des années 1920, plusieurs courants d’idées ont contribué à la naissance de l’agriculture biologique, ces courants se posant en réaction contre le développement d’une agriculture intensive issue de la Première Guerre mondiale et se basant sur la chimie de synthèse. Agriculture intensive, étant bien évidemment promu en grande partie par les industries ayant développé les gaz de combat. Ces courants voulant développer un système de production agricole (végétaux et animaux) privilégiant des pratiques de gestions respectueuse des équilibres de l’environnement et des pratiques de prévention dans le développement des cultures plutôt que de recourir sans cesse et sans réflexion, à des intrants d’origines extérieures produits en masse et issus de la chimie de synthèse.

Les principaux courant de l’agriculture bio sont :

L’approche biodynamique, développée par, un mouvement ésotérique, l’anthroposophie (c’est-à-dire une secte, j’y reviendrai) dirigée par Rudolf Steiner (1861 — 1925), qui à la fin de sa vie, exposa son point de vue sur l’agriculture lors d’une série de conférences. Ces textes serviront de base à la méthode biodynamique.

Dès 1928, la société de commercialisation coopérative de Brandebourg, DÉMÉTER, fut créée pour distribuer les produits biodynamiques.

Le courant biodynamiste est toujours resté autonome par rapport aux autres courants d’agriculture biologique, mais malgré ses faibles effectifs, il a eu une action continue notamment en Allemagne, en Suisse et en Alsace.

Il est également à noter que la méthode, c’est peu à peu détaché du mouvement anthroposophe et est de nos jours à différencier de cette secte, malgré les restes d’ésotérisme faisant toujours partie de la méthode.

La méthode Indore, est initié par l’agronome et botaniste Sir Albert Howard qui défini cette méthode dans son ouvrage ‘’le testament agricole’’ écrit en 1940. Ayant consacré sa vie d’agronome a aidé les populations indiennes à se nourrir. C’est donc à partir de ses observations que naît sa méthode basée sur la gestion des composts et visant à améliorer ou maintenir la fertilité des sols. L’objectif étant entre autres d’assurer une bonne autonomie des exploitations grâce à une importante fertilité des sols.

Son travail a été poursuivi par I.J. Rodale et la Soil Association. Ce courant est également appelé « agriculture organique » ou « organic farming »

En France, ses travaux seront pris en compte par les premiers agrobiologistes

La méthode organo-biologique, est développé en suisse dès 1930, sous l’impulsion du politicien H.Muller qui veut ainsi promouvoir l’autonomie des producteurs et le développement des circuits courts.

Dans les années 60, le biologiste Hans Peter Rusch, mettra au point, de manière plus complète la méthode organo biologique et la présentera dans son livre la fécondité du sol. Il conteste la fertilisation chimique en pleine expansion à cette époque.

Ses préoccupations sont proches des questions écologiques, il veut éviter les gaspillages, et les pollutions grâce à une agriculture en grande part autonome ou s’appuyant sur une fertilisation organique.

Il veut appliquer les progrès de la biologie à l’agriculture.

Ce courant sera particulièrement influent auprès des Allemands de l’association Bioland et en France auprès de l’association Nature et Progrès

enfin, l’agriculture naturelle, ou dite aussi ‘’sauvage’’. Est né au Japon dans les années 1930 à partir des observations du microbiologiste et agriculteur Masanobu FUKUOKA, qui expose sa pensée dans son livre : ‘’ la révolution d’un seul brin de paille’’.

Dans les années 70, le scientifique Bill MOLLISSON (Australie) a travaillé et a développé ce mode de culture qui allait s’appeler plus tard la Permaculture. Cette méthode se propose d’intégrer le plus possible l’agriculture dans le milieu naturel.

La permaculture est à rapprocher de l’AGROÉCOLOGIE, développée notamment par Miguel Altieri en Amérique Centrale et qui influence fortement les mouvements d’agriculture biologique d’Espagne et d’Amérique Latine.

Des origines scientifiques donc.

En voyant les origines des principaux courants, on observe, à l’exception de la biodynamie, que la bio tient majoritairement ses bases de scientifiques. Par définition la méthode scientifique, est basé sur la rigueur, et le respect d’un ensemble de règles afin de dégager des faits. On peu donc considérer que ces bases sont solides et qu’au fils du temps, les démarches et méthodes utilisées en agriculture bio sont éprouvées et font consensus scientifique. De plus, d’autres scientifiques, par exemple le microbiologiste des sols Claude Bourguignon et sa femme la biochimiste Lydia Bourguignon, ont par la suite confirmés les principes régissant la bio. Jusqu’à tout récemment où une nouvelle étude publiée dans le JAMA Internal Medicine le 22 octobre 2018 confirme une nouvelle fois le bien fondé de la démarche.

Quant à la biodynamie.

Et vu qu’il s’agit de l’un des arguments avancés contre l’agriculture bio dans son ensemble, j’en parlerai ici, ainsi, le sujet sera clos. Certes, la méthode est issue d’une secte et certes, même si l’on peut de nos jours différencier la méthode du mouvement ésotérique qui l’a fait naître, il reste une part de ‘’rituel magique’’. Mais est-ce suffisant pour s’arrêter à cela et condamner la méthode dans son ensemble ? Ou, comme certains l’avancent, tous les courants sur lesquelles la bio se base ?

Je l’ai déjà évoqué, et l’exposerai encore dans la suite de ce texte, mais l’histoire de l’agriculture de la fin du vingtième siècle est marquée par le développement et ensuite par l’imposition forcée d’une agriculture industrielle intensive se basant sur l’usage de masse en produits de synthèse remplaçant complètement un processus biologique naturel auto-régénératif. Lors de l’après seconde guerre mondiale, c’est l’industrie, et surtout, l’industrie dite chimique, celle ayant développé les gaz de combat de la 1WW, puis les gaz de meurtres de masses en Allemagne (Bayer) sous le régime nazi, ou plus récemment, ceux qui ont développé l’agent orange lors de la guerre du Vietnam (Monsanto), qui ont mis la main sur le monde agricole, sous prétexte de mettre en place une agriculture suffisamment productive afin de nourrir l’Europe et l’Amérique (prétexte qui s’avère faux, puisque l’agriculture industrielle se révèle être peu productive, mais j’y reviendrai dans le prochain écrit).

Rallié par les politiques, et les autres industries, ces firmes, établissant les bases du lobbyisme, et discréditant de manière fallacieuse les scientifiques défendant une agriculture paysanne, on finit par faire peser sur les campagnes une pression énorme afin de forcer le moindre petit paysan, soit à faire comme on lui disait, soit à revendre son exploitation à plus riche que lui et à rejoindre la ville.

Face à cela, tous les courants bio luttaient pour mettre en avant leurs points de vue.

Et face aux impacts dévastateurs de l’agriculture intensive, une agriculture qui à fait et fait toujours des morts par centaines, les quelques défenseurs et utilisateurs de la méthode biodynamique et leurs ‘’rituels magiques’’ ont permis de sauvegarder un savoir paysan. Si l’on étudie bien en quoi consiste la biodynamie, rituel ésotérique compris, on s’aperçoit qu’il s’agit ni plus ni moins des techniques utilisés dans le monde paysan avant la main mise des industries sur le domaine agricole. Certaines de ces techniques rejoignant celles mises en avant par les autres courant de la bio.

Pour ma part, je vois un peu les biodynamiques comme l’inverse des anti-vax. À savoir que les anti-vax sont surtout des croyants religieux qui à force de s’acharner dans leurs croyances et l’imposer aux autres, finissent par faire des morts (voir vidéo défakator, https://www.youtube.com/watch?v=y_Is5iNwGpA). Alors que les Biodynamiques, même s’ils sont des tenants de croyances, sont parvenues à conserver jusqu’ici de vieilles techniques paysannes respectueuses de l’environnement, et ont fini (ou vont finir) par sauver des vies.

Voilà pourquoi, j’estime que l’on peu, non seulement, pardonner leurs ‘’petits rituels magiques’’ aux biodynamiques (qui je le rappelle, n’ont aujourd’hui plus rien a voir avec les anthroposophes), mais aussi apprendre d’eux (avec du recul, quand même). Même si j’avoue que ce serait bien qu’il abandonne l’ésotérisme…

Bon, revenons à l’agriculture bio et son histoire.

L’agriculture biologique fait son apparition en France au début des années 1950.

Dès son apparition dans l’hexagone, les courants bio se sont opposés fortement à l’intensification agricole de l’époque et donc, à cette utilisation excessive de pesticides et d’engrais chimiques. Pour ces courants, le lien entre agriculture, alimentation et santé était primordial et l’imposition des méthodes de l’agriculture intensive avait des impacts catastrophiques sur ce lien, mais aussi sur les producteurs eux-mêmes, puisque ceux-ci tombaient totalement à la merci de l’industrie.

Dans les années 60, le livre de Rachel Carson : ‘’Printemps silencieux’’ sort avec fracas et se fait échos des différentes alertes données lors de cette décennie quant aux conséquences de l’agriculture industrielle sur la santé et l’environnement.

Les années suivantes, l’agriculture bio ne cessera de croître, marquant son essor dans les années 70.

Cet essor s’expliquant surtout par l’émergence de nouveaux courants d’idées et de changements sociologiques importants, notamment dans les milieux ruraux où un certain nombre de paysans refusent le modèle économique et technique de l’agriculture conventionnelle. À cela s’ajoutent les différents mouvements de contestations ayant émergé en mai 68 et de certains de ses acteurs allant s’installer à la campagne pour reprendre des fermes. C’est de ces anciens urbains, principalement de sensibilités libertaires que naîtra le mouvement ‘’nature et progrès’’, mouvement à l’origine du premier cahier des charges de l’agriculture biologique en 1972

Nature et Progrès, sera à l’origine de la reconnaissant juridique Française de l’AB, au début de la décennie 2010. Elle va se dissocier de la certification AB lorsque l’UE s’impliquera dans la certification et fera le choix d’une certification spécifique et privée.

La certification bio :

Dans les années 80, sous la pression de Nature et Progrès, mais aussi de quelques personnalités politiques, l’agriculture biologique est reconnue dans la loi d’orientation agricole de 1980 complétée par celle de 1988. Le logo AB est créé et les premiers cahiers des charges sont homologués dans cette décennie.

Lors de cette décennie, il y a environ 4000 agriculteurs biologiques dont les motivations sont diverses, mais dont la principale motivation est la contestation des aberrations de la Politique agricole commune (PAC), notamment par ses surproductions non maîtrisées.

Dans les années 90, 2000, une réglementation européenne se met en place en parallèle de la réglementation française, plus stricte.

le nombre d’agriculteurs biologiques passe de 3500 en 1995 à 9000 en 2000

En 2010, les deux labels (UE et Français) fusionnent.

Fin 2013, l’agriculture biologique concerne plus de 25 000 agriculteurs, et plus de 1 million d’hectares, soit presque 4 % de la surface agricole utile française.

L’agriculture bio, les principes et le cahier des charges :

L’agriculture bio repose sur plusieurs principes fondamentaux qui sont : l’idée d’anticipation (on prévoit comment se passera la culture, qu’elle maladie ou ravageurs elle risque d’avoir, on prévoit en amont au lieu de mettre bêtement des produits sans réfléchir…), principe d’observation et de curiosité par rapport à son milieux (connaître ses cultures, voir comment elle progresse, observation de son environnement), l’autonomie, innovation…

Ayant pour but de favoriser une approche plus réfléchie des modes de cultures, basés sur la prévention, l’anticipation, le fait d’éviter les produits curatifs, l’autonomie, etc., l’agriculture bio (Française) s’en tient à un cahier des charges strict posant des règles précises. (À noter au niveau de la certification que les producteurs bio en France sont rigoureusement contrôlés.)

Parmi ces règles, il y à : l’interdiction des produits de synthèse et des OGM, le respect des rythmes naturel (saisons, etc.), l’interdiction des serres chauffées (sauf pour les plants), l’interdiction de cultiver ‘’hors-sol’’, où toute méthode approchante, interdiction de l’élevage hors-sol, l’obligation de faire des rotations de culture (ce qui évite beaucoup de maladies et l’installation de ravageurs), le respect de la filière bio concernant les fournisseurs, le respect du bien-être animal, mise en application de la lutte préventive (choix des espèces à cultiver, milieu favorable [mettre plus de haies par exemple])…

Je ne dis évidemment pas que la bio est parfaite, ni qu’elle est exempte de défauts, mais l’agriculture bio, certifiée par ces labels, ou non, offrent de manières indéniables une garantie sur la qualité de notre nourriture ou des produits issue de l’agriculture bio.

L’agriculture bio ne se cantonne donc pas à un simple label, mais regroupe bel et bien un ensemble de pratiques agricole basé sur l’intelligence, la prévision de ses cultures, et sur le respect de la production d’une nourriture plus saine, s’opposant ainsi à l’agriculture industrielle, basé sur l’utilisation irrationnelle d’intrant de synthèse.

Et si après cela, vous estimez que le label AB/UE, n’est pas suffisant, n’hésiter pas à aller voir du côté des autres labels bio tel que : Déméter, bio cohérence, nature et progrès, bio partenaire (organic fairtrade)… Et si vous alliez directement vous inscrire dans une AMAP, ou aller chez le fermier bio du coin, ce sera même encore mieux…

Voilà, maintenant que vous connaissez un peu mieux le sujet, je vais pouvoir passer à la suite…

Sources :

http://www.fnab.org/index.php/un-reseau-des-valeurs-des-hommes/historique/2-lhistoire-de-lagriculture-biologique-a-travers-quelques-ouvrages-

http://www.fnab.org/

http://www.bio-normandie.org/

Mon CFPPA local (formation maraîchage biologique)

http://www.agencebio.org/breve-histoire-de-la-bio

https://www.produire-bio.fr/cest-quoi-la-bio/histoire-de-la-bio/

https://www.chapelle-berard.com/fr/histoire-de-lagriculture-biologique/

https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/2707948

Un bon nombre de maraîchers bio (salut à eux)

Les Bourguignons : https://www.youtube.com/watch?v=DI8P_YQZkV8

https://www.youtube.com/watch?v=rJfHF9y-YjE

http://www.biocoherence.fr/images/media/Documents/cahier_des_charges.pdf

http://www.natureetprogres.org/servicepro/sp109.pdf

http://www.natura-sciences.com/agriculture/label-ab-label-bio-816.html

http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/publications/publication/154/1098/lenvironnement-france-edition-2010.html

http://www.agencebio.org/